En salles 12/04/2017

Sauvage innocence

Remarqué au Festival de Brive il y a quelques jours, "Pas comme des loups" de Vincent Pouplard fait l’objet d’une sortie en salles cette semaine.

Sans doute le réalisateur de Pas comme des loups, Vincent Pouplard, avait-il de quoi en tirer un long métrage, même réduit à un peu plus d'une heure-une heure dix, mais il a choisi d'en faire une œuvre de cinquante-neuf minutes, ce qui suffit à prouver sa rigueur artistique et une volonté forte de prendre exactement le temps nécessaire pour raconter ce qui lui tenait à cœur.

Présenté dans de très nombreux festivals de documentaire depuis un an (Cinéma du Réel, Lussas, Traces de vie, les Écrans documentaires d'Arcueil...), ce moyen métrage impressionne en effet d'emblée par la solidité de sa mise en scène et par les vertus de sa démarche, parvenant à ciseler un objet stylisé autour d'une approche constamment honnête et respectueuse envers les personnages que le réalisateur filme et entend cerner, si insaisissabes soient-ils.

Car Roman et Sifredi, jumeaux âgés d'une petite vingtaine, d'origine polonaise par leur père, vivent en totale liberté, en marge de la société d'un point de vue symbolique et géographique à la fois, puisque la caméra les suit dans des forêts, des squats, des entrepôts abandonnés. Ils ont eu des soucis avec la justice, ils ont fui un cadre familial bancal et vivent avec leurs potes – il n'est jamais question de filles – entre moments de complicité et prises de tête. La gageure du projet est de tordre le cou à certains présupposés, une vraie sagesse de vie, étonnante pour de si jeunes gens, émergeant parfois, jusque dans sa dimension politique, et la scène final d'une conversation fascinante entre les deux frères prend même une hauteur poétique qui laisse sans voix, sur ce que réserve l'avenir au duo et surtout sur ce qu'ils ne seront pas...

Vincent Pouplard avait été auparavant remarqué, entre autres, avec son court métrage Patrick nu dans la mer, interprété par Jean-Luc Vincent, membre historique de la troupe des Chiens de Navarre. Son cinéma atypique n'a pas fini de surprendre, et ce, dès aujourd'hui, après des mentions méritées des jurys professionnel et de la jeunesse attribuées lors du Festival de cinéma de Brive qui vient de se clore.

Christophe Chauville

À noter, Vincent Pouplard est mis en avant ce mois-ci par le magazine gratuit des salles du réseau MK2 Trois couleurs au sein de sa rubrique “Le nouveau”.