En salles 10/02/2017

Le beau mariage

En salles cette semaine, un premier long atypique, qui joue la carte de la fiction collée au réel, en s’inspirant de la personnalité de ses interprètes tout en relevant le défi du romanesque.

Nous nous marierons, de Dan Uzan, met en scène Karim, un jeune homme têtu qui tente de faire carrière comme boxeur, en bas de l'échelle du monde des professionnels, en périphérie parisienne. Il gagne encore peu, doit affronter les conséquences d'une blessure à une main et la perspective de son mariage avec Faten, déjà maman d'un petit garçon, prend des allures de montagne à soulever, les frais induits par la fête, le traiteur ou les alliances représentant des sommes à trouver s'avérant gigantesques, surtout quand on évolue dans la vraie vie et non dans un cocon où des emplois fictifs sont grassement rémunérés...

La force du film de Dan Uzan, qui tourna dans les années 2000 une série de courts métrages auto-produits, parmi lesquels Les fluctuations meurtières en 2007, est de s'ancrer ainsi dans le réel de manière très immédiate et précise, dans une démarche proche du documentaire, les personnages principaux portant d'ailleurs leur véritable prénom. Mais sur ce canevas peut se développer une histoire d'amour aux enjeux universels et on accompagne vraiment le couple dans ses espoirs et ses déceptions, la projection de chacun étant aisée dans cette histoire de la France de 2017 qui tombe à pic au moment où certains semblent déconnectés de la valeur littérale des choses.

Dan Uzan a repris des études d'anthropologie à l'université de Nanterre et on constate de façon évidente comment cet intérêt a pu nourrir ce film qui constitue sans conteste une captivante et prometteuse découverte.

Christophe Chauville