En salles 19/04/2017

À la recherche du temps perdu

S’il n’est visible qu’au Saint-André-des-Arts, à Paris, le documentaire de Sandrine Dumas "Nostos", qui est aussi son premier long métrage, est à découvrir sans faute, en lien avec la mise en ligne de son court métrage "L’invention des jours heureux" sur notre site.

Lorsqu’on opte pour un argument intime, directement personnel, en engageant une entreprise documentaire, l’important demeure de toucher à une certaine universalité et cette vertu imprègne de toute évidence la démarche adoptée par Sandrine Dumas à travers Nostos.

Née d’une mère grecque, celle qui fut une jeune comédienne en vue des années 1980 part d’une toile peinte par l’une de ses compatriotes vivant dans la première moitié du XXe siècle, Thalia Flora-Karavia, pour nous entraîner dans un périple méditerranéen à la première personne, finalement assez vertigineux et mettant en exergue l’histoire de sa propre famille entre Athènes, Istanbul, Alexandrie et la mythique île d’Ithaque. La figure de l’exil, avec son cortège de deuils, apparaît peu à peu : celui de la femme peintre trouvant écho avec celui de Rena, la mère de la réalisatrice, arrivée à Paris dans les années 1950, et l’on se remémore alors un autre duo féminin dans L’invention des jours heureux, composé d’une jeune Chinoise du quartier des Olympiades et d’une Russe jouée par la regrettée Katia Golubeva. Leur rencontre finale, par hasard, scellait une commune volonté de se construire une nouvelle vie, au-delà des difficultés liées à la condition de réfugié, une vie susceptible de donner l’illusion de jours heureux, donc, aux proches restés au pays, très loin de la Ville lumière.

Dans Nostos, Sandrine Dumas se met elle-même en scène, sans chichis, avec des membres de sa famille ou dans des conversations sur Skype avec son frère suivant de près son enquête. Le motif de la fraternité était justement au centre de la fiction Le garde du corps, produit par Christophe Loizillon et Santiago Amigorena et primé au Festival de Berlin en 2004.

Un gamin y suivait sa sœur aînée, encore mineure, dans une virée nocturne en boîte de nuit et le film s’achevait par un rapprochement sobre et plein de tendresse, ce qui semble une piste valide pour appréhender le cheminement proposé par Nostos, vers la réconciliation d’une femme et de ses origines (voir la signification du mot, non dénué de nostalgie, désignant un retour chez soi oscillant entre joie et douleur). On s’y projette et s’y identifie sans peine…

Christophe Chauville

Filmographie courts métrages de Sandrine Dumas
Le garde du corps (2003, 17 min)
L'invention des jours heureux (2011, 25 min)

Séances à 13h tous les jours sauf mardi 25, en présence de la réalisatrice, au cinéma Le Saint-André-des-Arts, 30 rue Saint-André-des-Arts, 75006 Paris.