Kleber sur son avenue...

Élu en début d'année meilleur film étranger de 2016 par le Syndicat français de la critique de cinéma, Aquarius transforme de façon éclatante les espoirs qui avaient soulevés par Les bruits de Recife, sorti en France trop discrètement à l'été 2012. On se souvient que ce film avait été le représentant de son pays à la présélection de l'Oscar du film étranger en 2014, ce qui a été refusé, pour de raisons politiques, à Aquarius, comme chacun sait. Mais peu importe ici... Ce film tourné à nouveau dans la capitale de l'état du Pernambouc, une ville de plus de 3,5 millions d'habitants tout de même, confirme le style du réalisateur, avec sa manière bien personnelle de filmer la géographie urbaine, ses cadres très picturaux et sa faculté à y faire évoluer de manière signifiante ses personnages, dans le sillage de la très émouvante Clara, jouée par une Sonia Braga époustouflante, qui n'aurait pas volé un Prix d'interprétation féminine sur La Croisette.

La carrière du cinéaste s'appuie ainsi désormais sur des fondations solides, ce que six courts métrages avaient établi peu à peu. Un seul d'entre eux, Vinil verde (photo), est proposé en bonus de cette édition et il vaut nettement le déplacement. Sélectionnée à la Quinzaine des Réalisateurs en – ce que l'on avait quelque peu oublié –, cette tentative de conte fantastique s'appuie sur une forme réellement originale, celle d'un montage rythmé de photos porté par une envoûtante voix de narration relatant l'aventure d'une petite fille désobéissante dont l'envie d'écouter un disque vert fluo est plus forte que tout, même si sa mère doit à chaque fois en subir de terribles conséquences...  

On attend cette fois le prochain film de KMF, annoncé sous le titre de Bacurau. À Cannes prochainement ?

Christophe Chauville

Aquarius de Kleber Mendonça Filho, DVD et Blu-ray, Blaq Out, 18,90 euros.
Disponible depuis le 9 mars 2017.