DVD 07/02/2017

Clash cash

Si Mohamed Diab n’est jamais passé par la case court métrage, ce n’est pas une raison pour passer sous silence la sortie en DVD de son impressionnant dernier film.

Présenté en ouverture de la section “Un certain regard” du festival de Cannes 2016, Clash confirme la faculté exceptionnelle du jeune réalisateur égyptien à empoigner la réalité actuelle de son pays, après Les femmes du bus 678 en 2010. Mohamed Diab enracine cette fois son scénario non dans un bus des lignes régulières du Caire, mais dans un fourgon de police où s'entassent, un soir d'émeutes à grand échelle, des civils interpellés à plusieurs endroits de la ville. Il y a là des soutiens fervents des barbus, les Frères musulmans chassés du pouvoir, d'autres qui s'en défient et s'en remettent au nouveau pouvoir militaire, les deux camps étant irréconciliables, comme on le constate au fil des minutes.

On se souvient mieux, vu de Paris, de la Révolution de 2011 que des troubles de 2013, mais ceux-ci, qui sont évoqués ici, sont pourtant d'une importance cruciale et emblématique de ce qui se joue dans tout le monde arabe, et même au-delà... Le film restitue en un suspense étouffant, qui va en crescendo, la tension inouïe de ces nuits sombrant dans un chaos d'apocalypse, au son des pierres lancées et des lasers zébrant la pénombre par milliers. La gestion du huis-clos dans le véhicule est remarquable et la description des rapports entre ceux qui s'y trouvent est précise et plausible, intelligemment envisagée et sans les clichés obligés de ce type de dispositif (voir, dans une autre contexte, le premier film de Rachida Brakni, De sas en sas, qui sort prochainement). Et c'est finalement une variation sur ce qu'est l'humanité, rien de moins, qui se profile, du moins sur ce que chacun en fait et la façon dont elle peut ressortir, ou pas. Le regard du ciénaste à ce sujet se fait finalement optimiste, même lorsque l'enfer est annoncé.

Christophe Chauville

Clash, de Mohamed Diab, DVD, Pyramide Vidéo, 19,99 euros.
Disponible à partir du 7 février.