DVD 30/03/2017

Aux origines du cinéma suisse moderne

À l’occasion de la restauration numérique de plusieurs films du Groupe 5 (1969-1973), composé de Claude Goretta, Jean-Jacques Lagrange, Jean-Louis Roy, Michel Soutter et Alain Tanner, un coffret DVD, édité par la Cinémathèque suisse et la Radio Télévision Suisse, retrace l’histoire d’une période essentielle pour le cinéma helvétique, et au-delà.

Cette initiative met en lumière la collaboration fructueuse qu’il y eut entre cinéma et télévision à une époque où il n’y a en Suisse encore aucune école, aucun milieu qui encourage les jeunes auteurs. Tous les réalisateurs du Groupe 5 ont ainsi d’abord travaillé pour la chaîne romande, avant d’être soutenus par celle-ci pour réaliser leurs premiers longs métrages. Tanner raconte avoir eu “une liberté constante” pour faire ses films.

On trouve dans ce coffret deux longs métrages, L’inconnu de Shandigor de Roy et Les arpenteurs de Soutter, sélectionné à Cannes en 1972, ainsi que trois documentaires télévisuels passionnants Les motards de Goretta, Docteur B, médecin de campagne de Tanner et La dernière campagne de Robert Kennedy de Lagrange. Des archives parfois inédites ou rares accompagnent ces films, entre autres : un reportage sur Michel Soutter au Festival de Cannes qui laisse sentir une grande proximité entre le réalisateur et son équipe, un des derniers épisodes du Ciné-journal avec divers témoignages des cinéastes, et de nombreuses photos, parfois de fonds personnels des auteurs, dans le livret accompagnant les films. Les origines du Groupe y sont retracées par Frédéric Maire, directeur de la Cinémathèque Suisse, Gilles Pache, directeur des programmes RTS ou encore le réalisateur Lionel Baier, qui témoigne de l'importance de ce passé pour le cinéma helvétique d'aujourd'hui. Des documentaires sont également consacrés à chaque réalisateur. 

Pour ceux qui connaissent peu en détails l’histoire du cinéma suisse moderne, cette sortie DVD permet de se plonger dans une époque de renaissance profonde de cet art en Suisse. Michel Soutter le dit en 1975, alors que le Groupe 5 n’existe déjà plus : “Je pense qu’il y a une sorte de rupture à faire pour essayer de retrouver une invention et une imagination que le confort nous a fait perdre de vue. J’ai envie de retrouver cette spontanéité (…) qui nous permettait de faire un cinéma qui avait véritablement son intérêt parmi tous les autres cinémas.”   

                                                                                               Léocadie Handke   

                                                                          

 

 

 

 

 Claude Goretta et Gérard Depardieu sur le tournage de “Pas si méchant que ça” (1974).