News 24/02/2024

César 2024 : l’avènement confirmé des réalisatrices, enfin !

Outre le triomphe attendu de Justine Triet sur la scène de la 49e cérémonie des César, le court métrage a lui aussi souri aux femmes, dans les trois catégories le concernant – ce dont, bien entendu, on se réjouit !

Nous avions titré, il y a un an, notre compte-rendu de l’édition 2023 des César en soulignant que les trois César dévolus au format court avaient été décernés à des femmes et c’est à nouveau le cas cette année, grâce à Alice Douard (pour L’attente, en fiction), à Mathilde Bédouet (pour Été 96, en animation, visuel de bandeau) et à Gala Hernández López (pour La mécanique des fluides, en documentaire, photo ci-dessous).

Une tendance semble donc se dessiner, et c’est tant mieux, conformément à ce que laissent augurer les derniers chiffres du court métrage communiqués récemment par le CNC lors du Festival de Clermont-Ferrand autour des perspectives de parité (étude à télécharger ici).

Saluons au passage le beau doublé effectué par les producteurs de L’Heure d’été, montés sur scène à deux reprises, ayant coproduit avec Tita B Productions Été 96 et produit entièrement le film de Gala Hernández López. Celle-ci a prononcé un discours aux forts accents politiques résonnant avec de nombreuses autres interventions au cours d’une soirée qui restera dans les annales également grâce au couronnement d’Anatomie d’une chute de Justine Triet, qui n’est, comme cela a été nécessairement souligné, que la deuxième femme en quarante-neuf ans à remporter le César de la meilleure réalisation, après Tonie Marshall en 2000.

Le chiffre est ahurissant et on peut rappeler au passage certains faits qui ne le sont pas moins, comme lorsque le millésime 2007 vit Lady Chatterley de Pascale Ferran l’emporter légitimement comme meilleur film alors que sa réalisatrice se voyait doubler par Guillaume Canet… Les choses semblent pouvoir s’inverser désormais, heureusement, d’autant que Monia Chokri et Kaouther Ben Hania ont gagné elles aussi.

La première a créé la surprise en devançant les pointures Bellocchio Kaurismäki, Nolan et Wenders – excusez du peu – dans la catégorie du meilleur film étranger (Simple comme Sylvain, donc), tandis que la cinéaste tunisienne était logiquement plébiscitée dans la catégorie “long métrage documentaire”, quelques jours après être devenue la lauréate du Prix Alice-Guy 2024 pour Les filles d’Olfa (photo ci-dessus).

Rappelons que c’est aussi par le court que cette dernière avait commencé, en l’occurrence Peau de colle en 2013. La dimension de vivier du format caractérise évidemment le parcours de Jean-Baptiste Durand, qui aura reçu sans contestation possible le César du meilleur premier film, donc du premier long métrage, pour l’excellent Chien de la casse, produit par Anaïs Bertrand d’Insolence Productions.

On n’omettra pas de saluer enfin le César du long métrage d’animation décerné à l’épatant Linda veut du poulet ! (visuel ci-dessus), de Sébastien Laudenbach et Chiara Malta, illustration parfaite de la parité pour ce duo créatif qui est aussi un couple à la ville. Et leur film, déjà distingué du Cristal à Annecy en 2023, doit autant à l’un qu’à l’autre. 

Bravo à tous les films vainqueurs et leurs équipes, et rendez-vous en 2025 pour une 50e édition qui s’annonce naturellement symbolique et historique à la fois.

Christophe Chauville

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