Festivals 01/12/2023

Dernier palmarès de la vingtaine pour Chéries-Chéris !

Après 10 jours, 149 séances et 17 000 spectateurs et spectatrices, la 29ème édition du Festival Chéries-Chéris s’est clôturée ce mardi au MK2 Bibliothèque, où les quatre jurys ont décerné 12 prix aux courts et longs métrages en compétition, avant de finir le festival en beauté avec la projection du Temps d’aimer de Katell Quillévéré (en salles depuis le 29 novembre).

C’était salle comble pour la cérémonie de clôture de Chéries-Chéris, qui a rempli du 18 au 28 novembre les salles des MK2 Beaubourg, Quai de Seine et Bibliothèque de cinéphiles et cinéastes venus du pays (et du monde) entier pour découvrir le large aperçu de la production cinématographique queer contemporaine proposé par le festival. Le palmarès de cette année témoigne de la richesse et la variété des œuvres proposées par cette 29e édition, tant sur le plan formel et thématique que géographique.

Commençons par les longs métrages et les Grands prix des compétitions fiction et documentaire, qui ont été décernés respectivement à The Summer with Carmen de Zacharias Mavroeidis (photo de bandeau) et Kokomo City de D. Smith (photo ci-dessus). Kokomo City, un documentaire vif et vital qui donne la parole à des travailleuses du sexe noires et trans à New York et en Géorgie, est déjà passé par Berlin et Sundance ces derniers mois et sortira en salles en France le 6 décembre.

The Summer with Carmen, une comédie grecque, met en scène un homme fraîchement célibataire et son ami sur une plage gay d’Athènes qui s’efforcent à écrire un scénario – un dispositif très méta qui permet au réalisateur de faire des réflexions sur le cinéma queer de nos jours. Celles et ceux qui auraient envie de le voir devront être un peu plus patients cependant, puisque sa sortie en salles est fixée au 19 juin prochain.

Pour ce qui est des autres prix pour les longs métrages, le Prix du jury de la compétition fiction a été partagé par On the Go de Julia Castro et María Gisèle Royo et All the Colours of the World Are Between Black and White de Babatunde Apalowo, alors que le Prix du jury de la compétition documentaire est revenu à Anhell69 de Theo Montoya (photo ci-dessus). Le jury documentaire a aussi donné une Mention spéciale à Orlando, ma biographie politique de Paul B. Preciado, qui sortira le 5 juin en salles.

Le prix d’interprétation a été remporté par Teresa Sánchez pour Dos estaciones de Juan Pablo González, et le Prix Libertés Chéries, un prix réservé aux films produits dans des pays où les libertés des personnes LGBTQIA+ sont restreints, a été pour sa part décerné au film franco-colombien Transfariana de Joris Lachaise.

En ce qui concerne la compétition courts métrages, le jury a décidé de primer quatre films aussi différents dans leur forme que dans les récits qu’ils abordent. Trois films français et un film libanais composent donc le palmarès de cette année, dont un Grand prix, un Prix du jury et deux mentions spéciales. La première d’entre elles a été attribuée à 4801 nuits de Laurence Michel (photo ci-dessus), un documentaire introspectif et personnel dans lequel la réalisatrice fait le bilan de sa vie et de son alcoolisme pendant un voyage au cercle polaire. Un mélange d’archives, de voix-off, d’enregistrements sonores et de souvenirs, le film nous immerge dans le subconscient de la réalisatrice/narratrice qui nous livre l’histoire de sa vie de façon franche et sans prétention.

La deuxième mention spéciale a été décernée à Romy & Laure… happées par le trou spatio-temporel ! de Laure Giappiconi et Romy Alizée (photo ci-dessus), le troisième volet (après Romy & Laure… et le secret de l’homme meuble et Romy & Laure… et le mystère du plug enchanté) de la série de courts métrages qu’elles réalisent, écrivent et interprètent en duo depuis 2019. Ce roman-photo ludique et déjanté nous mène dans un voyage à travers l’espace et le temps (et l’écran de cinéma) et nous replonge, pour notre plus grand plaisir, dans cet univers drôle et sex-positive qui devient la marque de fabrique des deux cinéastes.

Le Prix du jury de cette année est revenu à Corps absents d’Antonius Ghosn (photo ci-dessus), un film sur un homme qui retourne à sa ville natale, Beyrouth, après une longue absence. Il visite les lieux qu’il fréquentait avant, il voit ses proches, sa famille, mais eux ne le voient pas, il est invisible. Le film représente avec beauté et sobriété le décalage créé par cette distance physique et émotionnelle, le départ et le déracinement. Quand on part de là où on vient, est-ce possible d’y revenir pour de vrai, d’être à nouveau à sa place ? Les liens avec les lieux et les gens changent, mais certains sont finalement impossibles à rompre.

Pour finir, le Grand prix de la compétition courts métrages a été décerné à Héroïnes d’Astré Desrives (photo ci-dessus), un film qui met en scène la résistance menée par les artistes juives et lesbiennes Claude Cahun et Marcel Moore contre l’occupation nazie de l’île de Jersey pendant la Seconde Guerre mondiale, et qui avait déjà été sélectionné cette année à Côté court. C’est un film ambitieux, engagé et surtout très camp (cf. la performance d’Aurélien Deseez) qui rend hommage à deux artistes et militantes pionnières, le tout dans une forme originale et intéressante. On s’étonne peu que le jury l’ait choisi pour son Grand prix !

Ainsi termine une très belle édition pour ce festival incontournable du calendrier parisien (et français) qui s’apprête à fêter ses 30 ans l’année prochaine et dont Brefcinema est fier d’avoir été partenaire. À novembre prochain, chéries-chéris !

John Robinson

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