En salles 28/03/2024

Quand Malavida Films remet Norstein à son juste rang : le premier !

À voir en salles dès cette semaine, le programme L’antilope d’or, la renarde et le lièvre propose, en 43 minutes et deux films en papier découpé et en dessin animé, une belle alternative à l’attention des plus jeunes, à partir de quatre ans.

Après le succès du Petit hérisson dans la brume il y a quelques mois (et désormais disponible en DVD), Malavida Films invite à retrouver son réalisateur, Youri Norstein, tout en découvrant Lev Atamanov, à travers un nouveau programme diffusé au cinéma à partir de cette semaine et qui a obtenu le soutien Jeune public de l’AFCAE.

La renarde et le lièvre date de 1973 et précède donc à la fois Le héron et la cigogne et Le petit hérisson… (qui se succédèrent en 1974 et 1975). Adapté d’un conte populaire russe, il utilise la technique du cut-out et charme par l’emploi de ces personnages en papiers découpés issus du bestiaire de la forêt. Le postulat du récit est d’ailleurs troublant en ces temps de guerre à l’Est, la renarde du titre ne s’embarrassant pas de fioritures lorsque sa maison de glace fond alors que les températures remontent : elle s’incruste chez le pauvre lièvre, son voisin – qui, lui, avait prévu le coup et vivait dans une maison en bois – et personne ne parvient à déloger cette importune squatteuse : ni le loup, ni l’ours, ni le taureau… Que fera le coq (gaulois ?) ?

La bonne idée de cette réédition en copie restaurée, c’est d’en avoir concocté – pour la première fois – une version française, à laquelle l’excellent Damien Bonnard a prêté son timbre. C’est une franche réussite, soulignons-le…

Complétant ces 12 minutes géniales, un moyen métrage bien antérieur, puisqu’il date de 1954, a été programmé par l’équipe de Malavida, à savoir L’antilope d’or de Lev Atamanov. Du dessin animé très soigné, au trait délicat, datant d’un véritable âge d’or pour l’école soviétique en la matière. 

Atamanov – Atamanian de son vrai nom de naissance – avait débuté en 1930 et cette Antilope d’or date de l’année qui suit la mort de Staline. Difficile, donc, de ne pas l’avoir en tête devant ce personnage de maharadjah cupide et cruel, tout puissant et menaçant de couper des têtes à tout bout de champ, dans ce conte censé se dérouler à l’époque des Mille et une nuits dans le sous-continent indien. Le jeune garçon qui est le héros du film est l’ami de l’animal fabuleux qui lui donne son titre et qui sème des pièces d’or comme une chèvre des crottes, attisant naturellement tous les désirs de richesse soudaine. La force de l’amitié viendra-t-elle à bout de l’épreuve, comme pour le lièvre de Norstein ?

La (double) leçon sera aussi évidemment profitable à nos chères têtes blondes de 2024, qui retrouveront d’ailleurs, comme à l’habitude, dossiers pédagogiques et cahier de coloriages sur le site du distributeur.

Christophe Chauville

À lire aussi :

- Sur la sortie en salles du Petit hérisson dans la brume… en avril 2023.

- Sur Alice de Jan Švankmajer, également distribué récemment par Malavida Films.