En salles 25/01/2024

Moullet en 10 longs et 11 “grands courts”

Enfin ! Ce n’est que justice : celui qui est sans doute le seul cinéaste français plus connu pour ses courts que pour ses longs fait l’objet d’une ample rétrospective, en partie dans des versions restaurées des films, à partir du 31 janvier. Nous en sommes partenaires, fort logiquement puisque Luc Moullet fut aussi longtemps un collaborateur de notre revue.

Le titre en forme de plaisant calembour, “Moullet, jeunesse !”, lui sied parfaitement. À 86 ans, Luc Moullet est l’un des doyens du cinéma français, mais le temps semble ne pas avoir de prise sur son œuvre, qui demeure d’une insolente jeunesse. On pourra en avoir confirmation – ou le découvrir – à la faveur de cette rétrospective lancée en salles le 31 janvier par La Traverse, un distributeur qui ne ressemble décidément pas aux autres.

Sept des longs métrages présentés ont été restaurés, balayant plus de quatre décennies entre Brigitte et Brigitte (1965, Prix spécial du jury au Festival de Hyères) à La terre de la folie (2008). Anatomie d’un rapport, Genèse d’un repas et La comédie du travail, avec l’inénarrable Roland Blanche, sont bien entendu de la fête…

Mais comme on le dit souvent, Moullet a toujours beaucoup alterné les formats et durées, ses courts métrages étant pour certains les plus célèbres de ses films. Un DVD édité il y a quelques années chez Chalet Pointu, “Luc Moullet en Shorts” – encore un beau jeu de mots ! – l’avait illustré avec un grand succès. On citera pour la bonne bouche, ou plutôt la bonne truffe, L’empire de Médor (1986, photo de bandeau), dont le synopsis est limpide – “La religion du chien en France.” – mais aussi l’hilarant Essai d’ouverture (1988), La cabale des oursins (1990, photo ci-dessus) ou Foix (1994), qui sont eux aussi très ironiques et drôles. Brefcinema est naturellement partenaire de cette importante sortie en salles.

Des titres un peu moins connus permettront de surcroît de mesurer le large périmètre de l’inspiration de celui que l’on connaît surtout comme iconoclaste contempteur des mœurs contemporaines, en l’occurrence un film en costumes, Le fantôme de Longstaff (1996, photo ci-dessus), ou encore Le litre de lait (2006).

On pourra assister à deux séances de ces courts métrages au Reflet Médicis, à Paris, les lundi 5 et jeudi 8 février. La première sera présentée par Jacques Kermabon, qui fut, en tant que rédacteur en chef de Bref entre 1995 et 2018, celui de Moullet critique, qui y tint régulièrement une rubrique sur des courts du passé intitulée “Rétrovision” (il écrivit ainsi sur Maladie de Paul Vecchiali, Ils attrapèrent le bac de Carl-Theodor Dreyer ou encore Charlot policeman, etc.)

Autre rendez-vous parisien à noter, la Cinémathèque du documentaire invitera elle aussi le cinéaste, le vendredi 26 janvier à 20h, au Cinéma 2 du Centre Pompidou en accès libre et gratuit.

Christophe Chauville

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- Sur la rétro Jean-Daniel Pollet distribuée par La Traverse en 2020.