Ravalec cinéaste, à redécouvrir en combo DVD/BR
Son Cantique de la racaille est devenu plutôt rare sur les écrans, mais – bonne nouvelle ! – vient d’être édité chez Doriane Films. Pas moins de 7 courts métrages de l’auteur du film, Vincent Ravalec, l’accompagnent en version restaurée parmi les bonus.
Écrivain, scénariste et cinéaste tout à la fois, Vincent Ravalec est revenu en tête de gondole des librairies au début de cette année avec un nouveau roman, Mémoires intimes d’un pauvre vieux essayant de survivre dans un monde hostile. Un titre drolatique pour un livre ne l’étant pas moins et rappelant toute la personnalité de cet auteur célébré dans les années 1990, qui s’était révélé grâce à plusieurs recueils de nouvelles et à des courts métrages, dans le même temps, avant de remporter le Prix de Flore avec Cantique de la racaille, adapté dans la foulée au cinéma par ses soins. Le roman était paru en 1994 et le film sorti en 1998, soit la “grande époque” de Ravalec, on peut l’écrire sans être désobligeant.
Comme beaucoup de longs métrages de la fin des années 1990, ce Cantique… était quelque peu tombé dans l’oubli, n’étant jamais diffusé sur le petit écran. Il avait bien été édité en DVD, mais c’était en 2002, et c’est donc un petit événement que représente ce combo DVD/BR concocté sous l’étendard de Doriane Films, avec des versions restaurées du long et des courts, nombreux à être inclus en bonus.
Toute l’histoire du film, et plus encore, est retracée dans un docu promotionnel, Cantique du cantique, soit une heure vingt en compagnie de Ravalec lui-même, bien sûr, mais aussi de membres de son équipe, dont sa comédienne Virginie Lanoue (photo ci-dessus), qui a vite arrêté le cinéma par la suite (retournant au milieu de la mode dont elle venait). On a peine à croire que vingt-cinq ans se sont écoulées, et pourtant… L’écrivain-cinéaste a sans doute ouvert alors la voie à pas mal de ses pairs, même s’il n’a pas refait d’autre véritable long : La merveilleuse Odyssée de l’idiot Toboggan, sorti en 2000, était une sorte de compilation de ses courts de la décennie précédente, avec des transitions filmées en plus.
Certains de ses courts, justement, sont restés dans les mémoires, et donc visibles sur le BR, notamment Portrait des hommes qui se branlent, dont le sujet est contenu dans le titre et qui, tourné aux environs de la Porte Dauphine en conditions quasi clandestines de reportage nocturne, mais distanciées par le noir et blanc emblématique de cette période de la filmo du réalisateur. Primé à Clermont-Ferrand, le film y avait fortement divisé ses spectateurs/trices. Tout comme Conséquences de la réalité des morts, montrant des images frontales d’abattoirs et d’animaux égorgés, en N&B encore et avec en voix-off un texte poético-philosophique dit par Yann Collette.
Les fictions de la même époque sont aussi à revoir : Never Twice (photo ci-dessus, en haut), avec l’excellent Alex Descas (également narrateur du Portrait des hommes…) ; Le masseur, ou les tentatives d’un couple pour raviver la flamme du désir (avec une Marianne Denicourt très en beauté) ; Les mots de l’amour (photo ci-dessus, en bas), bien sûr, où un pékin joué par le regretté Artus de Penguern prend une jeune prostituée dans sa voiture, mâchouillant son chewing-gum et écarquillant ses yeux en bille (ceux d’Élodie Bouchez, alors au début de sa belle carrière).
Et puis, il y a Par-delà l’ère glaciaire (photo de bandeau), parfaite rencontre du court métrage et de la nouvelle, objet de trois minutes tranchant et poétique, qui s’affirme comme le condensé même du style de son auteur. Celui-ci a pas mal œuvré dans le domaine de la VR ces derniers temps et on est rudement content de le retrouver ainsi, un peu comme un proche qu’on aurait perdu de vue.
Cantique de la racaille de Vincent Ravalec, combo BR/DVD, Doriane Films, 20 euros.
Disponible depuis le 12 décembre 2023.
À lire aussi :
- Un DVD incontournable de Doriane Films : 19 courts métrages de la Nouvelle vague.
